Actualités | 20.11.2020
Alain Karsenty, chercheur économiste au Cirad au département « Environnements et Sociétés » publie un article sur la géopolitique des forêts. Article paru dans la revue Hérodote en novembre 2020. Voici le résumé de l’article.
À rebours des autres régions du monde, l’Afrique pourrait devenir bientôt le continent de la déforestation, avec la RDC qui perd plus d’un million ha de couvert arboré par an. En Afrique centrale, la déforestation est le fait d’une petite agriculture dont l’emprise géographique s’accroit avec la démographie et la volonté de se constituer des patrimoines fonciers. Le phénomène d’accaparement des terres boisées par l’agrobusiness reste limité, la plupart des annonces impressionnantes ayant tourné court du fait des résistances paysannes et des réticences des gouvernements.
L’exploitation des forêts se fait toujours très largement sous le régime des concessions, mais les intérêts européens sont devenus minoritaires face aux conglomérats asiatiques, notamment chinois. L’émergence d’une rivalité sino-indienne dans le secteur forestier se dessine au Gabon. Les initiatives internationales qui se succèdent n’ont pas obtenu de résultats convaincants et le processus REDD+ reste essentiellement une vitrine à destination des donateurs sans prise réelle sur le terrain. Le Gabon a su tirer parti d’une habile diplomatie climatique qui lui confère un leadership auparavant occupé par la RDC.
La crise de 2020 pourrait entrainer une baisse de certaines pressions sur les forêts (infrastructures et activités extractives) mais risque d’en renforcer d’autres, de nombreux néo-chômeurs devant se rabattre sur l’agriculture vivrière.
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