Les prélèvements de bois réalisés par les sociétés forestières sont basés sur le calcul de « taux de reconstitution » détaillées dans un plan d’aménagement validé par les administrations forestières nationales. Les sociétés forestières engagées dans la gestion durable doivent adapter les volumes à exploiter et diversifier les essences exploitées afin d’assurer la reconstitution des ressources ligneuses (Karsenty & Gourlet-Fleury, 2006). La certification de gestion durable (FSC et PAFC/PEFC) a le potentiel de compenser les cadres normatifs parfois déficients, lesquels permettent dans certains cas l’exploitation non durable des forêts (Cerutti et al., 2010).
Mettre en place une exploitation durable de bois signifie notamment que la récolte ne doit pas dépasser l’accroissement naturel (Lagan et al., 2007). La gestion durable des forêts (GDF) est basée sur des méthodes qui ne compromettent ni les futures récoltes de produits forestiers, ni le maintien des services écosystémiques fournis par les forêts (Lhoest et al., 2019; Pearce et al., 2003).
Grâce aux pratiques d’exploitation à impact réduit (EFIR), les dégâts aux arbres des alentours sont limités (Putz et al., 2012). Par exemple, en coupant les lianes reliant un arbre à ses voisins avant son abattage, les chablis multiples sont limités (Pearce et al., 2003). Elles permettent aussi la protection des tiges d’avenir et des arbres semenciers, ces derniers étant importants pour une régénération rapide de la forêt après le passage de l’exploitation (Arets & Veeneklaas, 2014).
Par rapport à une exploitation non certifiée, l’exploitation forestière certifiée peut limiter les dégâts environnementaux en exploitant deux fois moins d’arbres à l’hectare, en causant quatre fois moins de dégâts collatéraux, et en perturbant 5% de superficie forestière en moins (Medjibe et al., 2013). L’application des normes de certification a induit une réduction du volume exploité annuel de 34% en moyenne au Cameroun (Cerutti et al., 2011). De même, les routes utilisées pour l’exploitation sont très vite recolonisées par une végétation très dynamique. Elles ne sont plus visibles après 20 ans et la densité en plantules d’essences commerciales y est trois fois supérieure par rapport aux zones forestières adjacentes (Kleinschroth et al., 2016). La régénération forestière est d’autant plus rapide et efficace lorsque les zones exploitées sont situées à proximité d’autres zones forestières riches en espèces ligneuses (Liu & Ashton, 1999).
L’exploitation sélective peut aussi stimuler la croissance des arbres et leur régénération peut être optimisée par des techniques sylvicoles dynamiques (Biwolé et al., 2019; Daïnou et al., 2021). Elle est même souvent plus rapide que dans des zones de forêts matures non exploitées (Makana & Thomas, 2006). L’acquisition de connaissances sur la croissance des arbres permet d’optimiser la GDF, notamment en calculant précisément les taux de reconstitution des essences exploitées (Groenendijk et al., 2014). La plupart des diamètres minimaux d’exploitation fixés dans les plans d’aménagement permettent de laisser suffisamment de semenciers (Ouédraogo et al., 2018). Par exemple, dans une concession forestière certifiée FSC au Cameroun l’exploitation sélective a prélevé seulement 12% du nombre total de pieds semenciers d’assaméla (Pericopsis elata), une essence commerciale très prisée, tout en ayant une faible influence sur les paramètres biologiques de l’espèce (Bourland et al., 2012).
Quelques exemples concrets d’études au sujet de la régénération d’essences commerciales d’Afrique centrale :
- La GDF n’affecte pas la biologie de reproduction et la diversité génétique du tali, Erythrophleum suaveolens, au Cameroun, au Gabon et en République Démocratique du Congo (Duminil et al., 2016) ;
- Plusieurs sociétés forestières certifiées reboisent les zones dégradées avec des plants élevés en pépinière. De cette manière, deux essences commerciales, l’ayous (Triplochiton scleroxylon) et le fraké (Terminalia superba), peuvent atteindre le diamètre minimum d’exploitation sur la période du cycle d’exploitation de 30 ans (Doucet et al., 2016).
- Des plantations d’enrichissement en moabi (Baillonella toxisperma) donnent également d’excellents résultats dans les trouées d’abattage, avec un excellent taux de survie des plants avec des coûts d’entretien minimes et un taux de croissance 10 fois supérieur à celui mesuré sous un couvert arboré (Doucet et al., 2009).
"Mettre en place un exploitation de bois durable signifie que la récolte ne doit pas dépasser la croissance naturelle. La gestion durable est une mesure de viabilité économique et un critère pour assurer l'autosuffisance et la rentabilité"
(Lagan et al., 2007)
"Le FSC parvient à stopper la déforestation (tropicale)"
(Di Girolami & Arts, 2018)
- La gestion durable des forêts est basée sur des méthodes qui ne compromettent ni les futures récoltes de produits forestiers ni les futurs bénéfices des services environnementaux (Putz, 1994).
- La certification a le potentiel d'améliorer les cadres normatifs faibles qui permettent l’exploitation non durable des forêts (Cerutti et al., 2010).
- L'application stricte de l'exploitation à impact réduit (EFIR) et la mise en place d'une Forêt à Haute Valeur de Conservation (FHVC) avec une contiguïté et une superficie appropriées au sein d'une concession forestière commerciale sont certainement deux mesures efficaces pour protéger l'environnement physique, la flore, la faune et les interactions lors de la production de bois (Lagan et al., 2007).