L'application stricte de l'exploitation à impact réduit (EFIR) ainsi que l’identification et la gestion des Forêts à Hautes Valeurs de Conservation (FHVC, principe 9 du FSC ; Daïnou et al., 2016) sont deux mesures efficaces pour le maintien des fonctions de l’écosystème forestier, en parallèle à la production de bois (Lagan et al., 2007). La certification FSC est efficace pour conserver la biodiversité des forêts tropicales (Gullison, 2003; Pearce et al., 2003; Samejima et al., 2012) et permet d’assurer un suivi rigoureux de la biodiversité à long terme (WWF, 2019). Les concessions certifiées jouent un rôle complémentaire aux aires protégées (Clark et al., 2009; Gibson et al., 2011; Nasi et al., 2012; Putz et al., 2012), tout en produisant du bois d’œuvre et en contribuant au développement socio-économique local (Edwards et al., 2014; Fisher et al., 2011; Gibson et al., 2011; Putz et al., 2012).
La valeur biologique des forêts exploitées sélectivement, en termes de richesse en espèces, est largement supérieure à celle d’autres habitats perturbés par l’Homme (Edwards et al., 2014; Gibson et al., 2011). Il a été démontré que l’exploitation sélective a des impacts réduits sur la plupart des groupes vivants, notamment les espèces d’oiseaux, de mammifères, de poissons, d’amphibiens, d’invertébrés, de plantes et d’arbres (Azevedo-Ramos et al., 2006; Bahaa-el-din et al., 2016; Clark et al., 2009; Decocq et al., 2014; Dias et al., 2010; Gibson et al., 2011; Imai et al., 2009; Lhoest et al., 2020; Medjibe et al., 2011; Poulsen et al., 2011; Putz et al., 2012; Roopsind et al., 2017; Samejima et al., 2012; Stokes et al., 2010; WWF, 2019). De 85 à 100% des espèces subsistent après l’exploitation sélective (Putz et al., 2012).
La plupart des groupes vivants sont résilients à une exploitation sélective de faible intensité (Gourlet-Fleury et al., 2013a; Meijaard et al., 2005; Ouédraogo et al., 2011; Putz et al., 2012), inférieure à 10 m³/ha (Burivalova et al., 2014). En effet, l’exploitation sélective dynamise l’écosystème forestier en créant des trouées d’abattage, semblables aux ouvertures qui surviennent naturellement dans des forêts non exploitées. Ces trouées sont des composantes normales des paysages forestiers et constituent des micro-habitats nécessaires au développement d’une multitude d’espèces tropicales (Poore, 1968; Levey, 1988; Laurance & Curran, 2008; Edwards et al., 2014).
Au-delà de la création de trouées d’abattage ponctuelles, le paysage sous exploitation forestière sélective conserve un couvert arboré permanent sur une large proportion de sa superficie, permettant une grande connectivité et une dispersion permanente des organismes vivants (Bregman et al., 2014; Edwards et al., 2014; Elkin & Possingham, 2008; Pavlacky et al., 2012).
"Les forêts exploitées commercialement peuvent contribuer à la conservation des populations d'animaux sauvages lorsqu'elles sont gérées de manière responsable, et il est possible d'entreprendre un suivi de la biodiversité à long terme de manière efficace et rentable"
(WWF, 2019)
- Les exploitations forestières conventionnelles sont particulièrement sujettes aux infestations d’adventices en raison des dommages excessifs et du manque de mesures avant ou après l'abattage pour réduire les espèces envahissantes et encourager le développement d’arbres.... Les pratiques EFIR seraient un pas important dans la bonne direction. Ainsi, la coupe des lianes avant l'abattage peut réduire considérablement leur incidence après celui-ci et réduire également les dommages causés par la chute d’arbres lorsque les lianes accrochent les cimes des arbres voisins. Les pratiques EFIR constituent donc un grand pas en avant (Pearce et al., 2003).
- La GDF comprend le marquage des futurs arbres exploités et des arbres semenciers dans le but de réduire les dommages causés aux arbres semenciers lors de l'abattage des arbres environnants. Les arbres semenciers sont importants pour une régénération rapide de la forêt après l'abattage (Arets & Veeneklaas, 2014).
- Des études sur la flore et la macrofaune au sol ont montré que l'exploitation forestière à impact réduit laisserait des traces moins visibles sur les forêts que les méthodes conventionnelles. Ainsi, la diversité d’espèces d'arbres est aussi riche dans la forêt ancienne que dans la forêt exploitée moyennant les pratiques EFIR, où dominent un climax et d'importantes espèces commerciales de bois d'œuvre de Dipterocarpaceae, beaucoup plus faibles en nombre dans la forêt exploitée de manière conventionnelle, où dominent les espèces pionnières du genre Macaranga (Euphorbiacea) (Lagan et al., 2007). En outre, la structure de taille des populations d'arbres a montré que les Dipterocarpaceae se régénéraient bien dans la forêt ancienne et dans la forêt sous EFIR. En revanche, les espèces pionnières font preuve d'une régénération vigoureuse dans les forêts exploitées de manière conventionnelle.