En Afrique, le braconnage commercial et la chasse de subsistance des communautés villageoises ont souvent lieu dans les concessions forestières. L’existence de ces pratiques doit être prise en compte dans les plans de gestion conçus par les sociétés forestières (Nasi, 2008), tout particulièrement par les sociétés engagés dans la gestion durable des forêts (GDF) via la certification FSC ou PAFC/PEFC (Vermeulen et al., 2009).
Chaque société d’exploitation forestière engagée dans la GDF définit une politique globale de gestion de la faune (Haurez et al., 2020; Nasi, 2008; Vermeulen et al., 2009). Cette politique comprend notamment : des programmes de formation et de sensibilisation des employés et des communautés locales, la lutte contre le braconnage et les autres activités illégales en recrutant du personnel local, la planification adéquate du réseau routier et le contrôle des voies d’accès à la concession, la fourniture de sources de protéines alternatives à la chasse (par exemple par la pisciculture ou la viande d’élevage), un programme de suivi socio-économique, sanitaire et écologique rigoureux, et la reconnaissance des droits des populations locales (Haurez et al., 2020; Morgan & Sanz, 2007; Nasi, 2008; Vermeulen et al., 2009).
La lutte contre le braconnage s’organise prioritairement contre les campements permanents et le grand braconnage des espèces protégées. Cette stratégie associe les responsabilités de l’État à celles de la société forestière engagée dans la GDF. L’État est chargé de l’organisation des patrouilles de répression, en verbalisant et en démantelant les campements de chasse et la société forestière se charge de la sensibilisation, de la surveillance, du contrôle des accès à la concession et de l’appui logistique et financier aux services de l’État.
Le développement de nouvelles technologies permet aussi d’appuyer la stratégie de lutte contre le braconnage dans les concessions forestières : les capteurs sonores, les pièges photographiques et les traqueurs GPS sont de plus en plus utilisés (Haurez et al., 2020). En accumulant des données spatialisées de suivi des activités de braconnage, les gestionnaires peuvent orienter stratégiquement les patrouilles de lutte anti-braconnage sur le terrain (Hofer et al., 2000) : la priorisation des patrouilles dans les zones les plus fréquentées par les braconniers permet de réduire les coûts des patrouilles de 63% (Plumptre et al., 2014).
Au-delà de la lutte contre le braconnage commercial des espèces protégées, les concessions forestières permettent d’expérimenter des modèles de gestion alternatifs en planifiant la chasse villageoise de subsistance pour la rendre durable, en parallèle à l’exploitation du bois d’œuvre. Cela nécessite que le plan de gestion de la chasse soit strictement respecté grâce à l'engagement effectif des parties prenantes, avec un suivi précis après sa mise en œuvre (Haurez et al., 2020; Vermeulen et al., 2009).
"En Afrique, le braconnage commercial et la chasse de subsistance des communautés villageoises locales ont souvent lieu dans les concessions forestières. L’existence de ces pratiques doit être prise en compte dans les plans de gestion conçus par les sociétés d'exploitation forestière, afin que les bonnes pratiques de gestion soient établies et certifiées par des autorités reconnues telles que le Forest Stewardship Council"
(Vermeulen et al., 2009)
- La "crise de la viande de brousse" est un problème de ressources communes non gérées qui sont récoltées de manière non durable en raison d'une gouvernance et de cadres politiques inadéquats (Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, 2009).
- Les sociétés d'exploitation forestière [dans le cadre de la gestion durable des forêts] sont soumises à des normes de développement intégrant de manière plus ou moins détaillée la composante "faune" dans leurs activités de gestion forestière (Bastin & Marechal, 2008).