Actualités | 12.03.2021
L’étude, commandée par IDH (the Sustainable Trade Initiative) et réalisée par GTF et Probos, analyse les importations européennes de produits de seconde transformation en bois tropical pour l’année 2019. L'étude a été publiée en anglais fin 2020 et sa traduction française vient d’être achevée par l'ATIBT.
Ce rapport explore l’impact des importations en UE27+UK de produits en bois tropical certifié sur les forêts des pays producteurs. Les importations de bois tropical certifié garantissent des pratiques de gestion durable des forêts (GDF), préservant ainsi les forêts tropicales, atténuant les changements climatiques et assurant des moyens de subsistance durables aux communautés vivant à proximité des zones forestières. Le bois tropical entre dans l’UE27+UK sous forme de produits de première transformation comme les grumes et le bois de sciage, et de produits de seconde transformation comme les fenêtres et les portes. Ce rapport s’appuie sur la publication d’IDH de 2019 intitulée “Encourager la croissance du marché du bois tropical durable grâce au suivi des données” (qui s’intéressait uniquement aux produits de première transformation), pour examiner les impacts des importations européennes de quatre produits de seconde transformation en bois tropical (portes ; moulures ; ouvrages, menuiserie et pièces ; fenêtres).
La publication de ce rapport intervient en pleine crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus, laquelle impacte considérablement la collecte des données et rend l’avenir incertain. Les véritables effets de cette crise sur l’industrie des bois tropicaux restent pour l’instant inconnus, mais les projections montrent que le PIB de la zone euro a chuté de plus de 9 %. Une étude récente de la FAO indique que 68 % des 150 entreprises mondiales, agences gouvernementales, associations et ONG ayant répondu étaient “extrêmement préoccupées ou très préoccupées” par les effets de l’épidémie sur leurs activités ou leurs opérations. Près d’un million de travailleurs du secteur forestier et de la transformation du bois ont été directement touchés dans huit des principaux pays producteurs et transformateurs de bois tropicaux, et les secteurs de la construction et de la transformation dans d’autres grands pays seront certainement touchés. De futures études révéleront les effets de l’épidémie sur le secteur.
Tout comme le rapport de 2019 sur les produits de première transformation en bois tropical, ce rapport utilise l’exposition à la certification pour montrer la source des importations de produits de seconde transformation de l’UE27+UK. Il est important de noter qu’il ne calcule que les importations directes en provenance des pays producteurs et ne tient pas compte du commerce intracommunautaire entre États membres de l’UE27+UK - les données sur la consommation peuvent varier considérablement par rapport aux données sur les importations. La méthode d’exposition à la certification considère la part des forêts certifiées FSC et PEFC comme un pourcentage de la superficie forestière productive totale dans les pays producteurs, et la projette sur les données d’exportation des pays producteurs de l’OIBT. Le rapport étudie principalement l’exposition à la certification FSC et PEFC, mais inclus également, lorsque cela est possible, une analyse des matériaux sous licence FLEGT (en provenance d’Indonésie) et des systèmes de certification de la légalité. Comme pour le rapport 2019, les auteurs de l’étude ont vérifié leurs estimations grâce à un processus de validation basé sur des données provenant de différents marchés clés.
Les données montrent que seuls cinq pays - la France, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni (par ordre de volume d’importations) - sont responsables de 90% des importations de produits de seconde transformation de l’UE27+UK. Les Pays-Bas sont le plus grand importateur de produits de seconde transformation exposés à certification dans l’UE27+RU, suivis de la France, de la Belgique, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie et de l’Espagne. L’Indonésie (79 400 tonnes) et le Brésil (65 300 tonnes) fournissent plus des trois quarts (77%) des importations totales de l’UE27+UK des produits bois tropicaux de seconde transformation.
L’analyse conclut qu’en 2019, 29% à 37% des importations européennes directes de produits de seconde transformation étaient exposées à la certification. Ces données sont très proches des données de 2018 sur les produits de première transformation - 25 à 32 % de ces derniers étaient certifiés en 2018. Le volume des importations de produits de seconde transformation (187 500 tonnes en 2019) est bien inférieur à celui des produits de première transformation (1 473 000 tonnes en 2018), mais les impacts potentiels restent importants. La demande actuelle de l’UE27+UK en produits de seconde transformation certifiés a un impact positif sur au moins 763 000 à 925 000 hectares de forêts tropicales. L’augmentation de la demande de produits certifiés à 100% des importations aurait un impact sur 1 160 000 à 1 322 000 hectares supplémentaires de forêts tropicales. L’impact potentiel total des marchés de la première et de la seconde transformation combinés est énorme : 18 millions d’hectares seraient concernés avec des importations 100% certifiées.
Les nouvelles données montrent que la demande actuelle de l’UE27+UK en produits bois tropicaux certifiés de première et seconde transformation réduit les émissions de CO2 par an de 18,9 à 29,2 millions de tonnes. Un marché européen consommant uniquement des produits à base de bois tropicaux issus de forêts gérées durablement pourrait réduire les émissions de près de 100 millions de tonnes.
Pour cela, il faudra accroître la demande européenne de bois tropical certifié, diversifier ses utilisations, et aviver l’intérêt des consommateurs pour le bois tropical. Les gouvernements de l’UE27+UK ont un rôle important à jouer pour développer et faire appliquer le Règlement Bois de l’Union Européenne (RBUE), en modifiant les politiques d’achat, en travaillant avec les gouvernements des pays producteurs et des marchés émergents, et en collaborant avec les organisations à but non lucratif pour coordonner les actions. Tous les acteurs du marché doivent s’efforcer de le développer, d’élargir le champ d’utilisations du bois tropical, et d’améliorer la transparence du secteur, afin de préserver durablement les forêts indispensables pour le maintien de la biodiversité.