Actualités | 25.03.2021
Comme l'indique Fordaq sur son site internet, Hans Fahrni, PDG de FACO Construction, se félicite des effets de l’interdiction d’exporter des grumes sur la filière bois au Gabon, dont la majorité de la surface forestière est certifiée FSC (l’objectif du gouvernement étant de certifier l’intégralité d’ici 4 ans).
Pour Hans Fahrni, « exporter une grume, c’est transporter sur des milliers de kilomètres 40 à 50 % de bois qui ne servira à rien ».
En outre, cette mesure a permis au Gabon de multiplier par deux la valeur ajoutée de la filière bois : « Passer de la grume à la première exploitation, cela demande des investissements lourds, mais on ne fait en gros que doubler la valeur ajoutée, alors que si la filière de transformation se crée et qu’on utilise le bois pour construire, la valeur ajoutée est facilement multipliée par 10. C’est simple : auparavant, l’exportation de 2 à 3 millions de grumes rapportait 150 milliards. Si on arrivait à valoriser le bois par l’assemblage, le mobilier et la construction, on multiplierait la valorisation par dix, or, c’est exactement le montant de la recette pétrolière. Par ailleurs, plus on avance dans la valorisation vers l’aval, moins les investissements sont lourds, on va de plus en plus vers l’investissement humain ».
Rappelons cependant que l’objectif d’aller vers le produit fini en bois, y compris en construction, en est encore à ses débuts : « Tout ce qui touche à la scierie et au déroulage est bien parti, mais dès qu’on assemble des éléments en bois, on a besoin d’une formation, qui n’existe guère ici ».
Il y a quelques années, il avait été question de réaliser une Haute école des métiers du bois : « Nous avons effectivement instauré un système de formation duale comme en Suisse, en association avec la Haute école de Bienne. L’idée était de former des charpentiers en alternance pendant 3 ans puis de leur permettre d’intégrer cette école pour devenir ingénieurs ou techniciens supérieurs, dans la construction ou dans les métiers de spécialité comme les menuiseries extérieures, un peu sur le même modèle que la Haute école de Bienne ».
Les travaux avaient démarré il y a dix ans pour aménager un lieu d’enseignement afin d’améliorer l’offre de services dans le domaine du bois.
« Malheureusement, en 2014, la chute des revenus pétroliers a obligé à réduire les investissements à un quart de ce qu’ils étaient et l’école n’a pas été construite. Cela dit, il est possible qu’elle le soit tout de même dans un futur proche ». L’école, dimensionnée pour accueillir 300 étudiants et diplômer 50 ingénieurs et 50 BTS par an, est à moitié construite. Désormais, le projet a été repris par le Ministère des Eaux et Forêts.
Pour l’instant, selon Hans Fahrni, le Gabon compterait environ 40 charpentiers disposant d’une formation de base. Pendant longtemps, il a été difficile de former des charpentiers, car les jeunes voulaient devenir fonctionnaires et travailler dans les bureaux. Mais un changement de mentalités est en cours et le secteur forestier est de plus en plus attractif pour la jeunesse.
Le Gabon cherche en outre à diversifier les essences exploitées, en faisant notamment la promotion des Lesser Known Timber Species (LKTS). Aujourd’hui, le Padouk est très exploité. Ecowood vient d’ailleurs d’achever la construction d’une salle de classe suspendue à 15 mètres du sol, comme nous l’avons relayé dans un article précédent.
Hans Fahrni explique pourtant «qu'il existe environ 75 essences utilisables pour la construction au Gabon. Il y a aussi des bois plus durs que le Padouk, qui se collent bien et ont une excellente résistance, mais pour les travailler, il faut les dégraisser. Le Padouk est demandé à l’international et notre ambition, au Gabon, est de former un groupement d’intérêt avec les forestiers et l’ATIBT pour exploiter d’autres bois pour la construction. Pour cela, il faut d’une part que les performances du bois soient connues, mais il faut surtout que l’abattage de ces arbres soit inclus dans les plans de coupe FSC. Pour les Gabonais, peu importe si la maison est construite en Padouk ou dans une autre essence tout aussi utile. Mais il vaudrait mieux exploiter des essences qui ne sont pas utilisées, y compris afin de répondre à la demande de logements qui atteint aujourd’hui 200 000 unités. »
A Libreville, les passages piétons où deux poissons semblent s’embrasser sont également réalisés en Padouk : « Le projet a été d’abord conçu en bois, puis il a été question de le faire en béton, en acier et à la fin, ce fut de nouveau du bois. Les poissons sont un peu le symbole de la construction bois à Libreville, au même titre que l’ambassade de France ». Les deux poissons qui s’embrassent symbolisent le Gabon bleu de la mer et le Gabon vert de la forêt. Le futur bâtiment de l’ambassade de France est imaginé comme une sorte de poutre flottée.
Le projet prévoit la construction d’un bâtiment de 2 600 m2 avec des locaux annexes et des places de stationnement. Les bâtiments seront construits sur un terrain de 13 000 m2 ; l’ensemble du site répondra aux exigences environnementales HQE Cerway. FACO Construction, l’entreprise TCE dirigée par Hans Fahrni, se charge donc du gros-œuvre, dont la particularité est un voile matricé de 17 mètres de haut, de l’étanchéité des toitures terrasses, des revêtements des sols et surtout des vêtures des façades, réalisées en Padouk lamellé-collé, et dont la seconde façade est en cours de réalisation.
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