Actualités | 01.04.2021
Comme le rapporte le site de Dezeen, les architectes peuvent contribuer à la lutte contre le changement climatique en choisissant des bois tropicaux, selon le PDG de la Timber Trade Federation, David Hopkins.
Lors d'un entretien avec Dezeen, M. Hopkins a déclaré que la Timber Trade Federation (TTF) souhaitait faire front contre les idées reçues dont souffre le bois tropical et ambitionne de le promouvoir comme "matière première importante pour le monde du design et de la conception". En choisissant d’utiliser des bois tropicaux d'origine responsable, les architectes et les designers peuvent contribuer à empêcher les phénomènes de déforestation. "Le secteur entier [des bois tropicaux] souffre d’une image très négative auprès de beaucoup de gens", a déclaré Hopkins. "Il y a beaucoup de travail en cours dans la filière bois tropical et la production de bois tropicaux qui ont des retombées incroyablement positives". "Nous voulons les voir comme des matériaux et des matières premières très importantes pour le monde du design et de la conception" a-t-il expliqué.
Une filière bois responsable peut contribuer à la lutte contre le changement climatique
Les propos de M. Hopkins ont été diffusés lors d'une conférence live sur l'utilisation du bois tropical dans l'architecture et le design. Animée par le rédacteur en chef de Dezeen, Marcus Fairs, la conférence a été diffusée la semaine dernière. Produite en association avec la TTF, elle avait pour but de sensibiliser à une initiative de l'Union européenne appelée FLEGT (Forest Law Enforcement, Governance and Trade). Les pays tropicaux qui adhèrent au FLEGT obtiennent le "feu vert" pour exporter des produits en bois, ce qui permet aux prescripteurs d'identifier plus facilement le bois d'origine responsable. Le bois tropical provient des forêts tropicales de pays d'Afrique centrale et occidentale, d'Asie du Sud-Est et d'Amérique du Sud. Pourtant, le bois provenant de ces régions souffre d’une image négative, car les gens l'associent à la déforestation et à l'exploitation illégale des forêts, a déclaré M. Hopkins.
Hopkins a fait valoir qu'en choisissant du bois provenant de forêts gérées de manière responsable, les concepteurs peuvent contribuer à encourager des pratiques forestières plus durables. "Lorsque vous vous approvisionnez en bois dans des zones de bonne gouvernance, des zones qui ont mis en place de bons plans de gestion, vous luttez activement contre l'exploitation illégale des forêts et contre les pressions de déforestation qui existent dans ces pays", a expliqué M. Hopkins. "Nous pensons que cela va jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique ».
Plan d'action pour une sylviculture responsable
L'initiative FLEGT engage les pays à conclure des accords de partenariat volontaire (APV), des accords commerciaux qui sont juridiquement contraignants. Les signataires doivent mettre en œuvre des réglementations couvrant la chaîne d'approvisionnement en bois et doivent garantir que le bois exporté provient d'une production responsable. Une fois qu'un pays signe un APV, ses producteurs de bois obtiennent une autorisation pour exporter leurs produits vers l'UE et le Royaume-Uni qui, malgré le Brexit, reste aligné sur les principes qui sous-tendent l'initiative, selon M. Hopkins. "Le FLEGT est un plan d'action pour une gestion responsable des forêts, un approvisionnement et une récolte responsables du bois". "Lorsque ces pays ont achevé ce processus de transformation, ils obtiennent un feu vert, "une voie verte" pour le commerce avec l'UE et le Royaume-Uni", a-t-il expliqué. "Le plan d'action FLEGT récompense donc les pays qui transforment et gèrent de manière responsable leurs paysages forestiers et les récompense par un accord de libre-échange."
Le FLEGT sera présenté à la COP26
À ce jour, l'Indonésie est le seul pays à avoir obtenu une autorisation FLEGT. Cependant, 15 autres pays ont signé un APV et sont en passe de recevoir l'autorisation. En Indonésie, l'autorisation FLEGT a permis d'accroître le commerce dans le pays et de réduire son taux de déforestation, mais aussi d'améliorer la qualité de ses produits, a indiqué M. Hopkins. Afin de valoriser l'initiative et d'encourager d'autres organismes reconnus au niveau international à l'adopter, la TTF présentera l'initiative lors de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) de 2021, qui se tiendra du 1er au 12 novembre à Glasgow. "Un système solide de gouvernance et un cadre juridique couvrant les forêts pour que les entreprises et la société civile puissent y travailler est une condition essentielle pour que les forêts restent bien gérées", a conclu M. Hopkins. "Il existe un consensus sur la nécessité de ces transformations dans les pays, mais il faut une impulsion politique supplémentaire pour que le système fonctionne correctement et soit pleinement reconnu dans le monde entier. Nous espérons y contribuer et nous comptons intensifier notre campagne dans le courant de l'année."
Hopkins s'est entretenu avec Dezeen depuis le Building Centre de Londres, où le TTF présente actuellement son exposition Conversations sur le changement climatique. L'exposition présente des objets fabriqués avec du bois provenant de pays qui travaillent actuellement à l'obtention d'une licence via l'initiative FLEGT. L'objectif est de susciter un débat sur les bois tropicaux à l'approche de la conférence COP26 sur le climat, et sur la manière dont leur utilisation peut contribuer à atténuer le réchauffement de la planète.
Vous pouvez regarder la conférence ici (en anglais).
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