Actualités | 10.09.2021
Le journal Les Échos publie cette semaine sur son site internet une tribune rassemblant différents signataires* appelant les grandes entreprises françaises à inscrire leur développement économique dans le respect des écosystèmes.
"Depuis quelques jours, Marseille accueille le Congrès mondial de la nature de l'UICN, un événement qui rassemble la communauté internationale afin de statuer sur les questions les plus urgentes pour la conservation de la nature.
C'est là que le Lab Capital Naturel est présenté. Créé par le WWF France, la chaire Comptabilité écologique (AgroParisTech, université Paris-Dauphine, université Reims Champagne-Ardenne, Institut Louis Bachelier) et porté par la Fondation AgroParisTech et des entreprises engagées (Bel, Carrefour, GRDF, LVMH, Michelin et Rocher), le Lab Capital Naturel vise à réinventer les outils de gestion stratégiques et comptables afin d'inscrire le développement économique dans le respect des seuils de renouvellement et d'assimilation des écosystèmes.
Car jamais l'état des systèmes naturels n'a été aussi alarmant. Depuis dix ans, les rapports se succèdent mettant en évidence que 6 des 9 « limites planétaires » - processus critiques qui régissent la stabilité de la Terre - sont franchies ou en cours de l'être.
Transition écologique
Le monde économique détient une responsabilité majeure dans les dégradations écologiques et peut apporter des solutions en engageant au plus vite des mesures radicales à la hauteur des enjeux.
La transition des entreprises vers la soutenabilité forte est une nécessité écologique, un devoir moral et une condition pour la viabilité de l'économie et de nos sociétés. La préservation des capitaux naturels s'impose comme une priorité absolue. Dans une perspective de soutenabilité forte, les capitaux naturels ne peuvent être substitués à d'autres formes de capitaux, et les dégradations de la nature ne peuvent être compensées par la création de richesses supplémentaires.
Face à l'urgence, seuls des instruments réellement transformatifs délivreront des résultats. Le Lab Capital Naturel se dédie à cette mission, en permettant d'expérimenter deux types d'outils complémentaires : des méthodologies pour fixer des objectifs de « bon état écologique » (en particulier « science based targets for nature ») et un modèle de comptabilité qui intègre, de manière financière et biophysique, ces objectifs dans les stratégies, modèles d'affaires et tableaux de bord des entreprises (le modèle CARE). Le rapprochement entre méthodologies scientifiques de conservation du capital naturel et outils comptables multi-capitaux en fait une innovation majeure et de rupture.
L'agenda de l'automne (Congrès mondial de la nature, convention COP15 sur la diversité biologique) offre aux entreprises l'opportunité d'intégrer des démarches rigoureuses pour la préservation du capital naturel.
Nous invitons les entreprises et les États à rejoindre cette dynamique en participant activement à l'expérimentation et à la généralisation des outils de soutenabilité forte, et contribuer ainsi à un mouvement historique de réorientation de l'économie vers le vivant."
*Les signataires : Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France ; Alexandre Rambaud, coresponsable de la chaire Comptabilité écologique, maître de conférences à AgroParisTech-Cired/université Paris-Dauphine ; Antoine Fiévet, PDG du Groupe Bel ; Florent Menegaux, président du Groupe Michelin ; Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF ; Bris Rocher, PDG du Groupe Rocher ; Laurent Vallée, secrétaire général du Groupe Carrefour ; Marc Abadie, président de CDC Biodiversité ; Sylvie Bénard, fondatrice de La Dame à la Licorne ; Thomas Binet, fondateur de Vertigo Lab ; Frédérique Déjean, professeure des universités à Paris-Dauphine ; Hervé Gbego, président de SFC Lab - Compta Durable ; Franck-Dominique Vivien, professeur des universités à l'université de Reims Champagne-Ardenne.
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