Actualités | 30.06.2023
Dans sa politique d’intégration des forêts d’Amérique Latine, et dans la foulée de l’article de Rainforest Alliance dans notre newsletter du 12 mai dernier , l’ATIBT a participé, avec deux de ses membres, la fondation Probos et la société Precious Woods, à la mission commerciale organisée par Rainforest Alliance en Amérique centrale.
Organisée par Carlos Estrada et l’équipe de Rainforest Alliance du Mexique et du Guatemala, l'objectif principal du « Selva Maya Tropical Timber Business 2023 » de Tulum, les 15 et 16 juin, était de trouver des moyens d'améliorer la commercialisation du bois des forêts communautaires certifiées mexicaines. Avant de partir pour plusieurs jours de terrain, de nombreuses discussions intenses et constructives ont eu lieu avec une centaine de personnes de tous les secteurs et un large panel de représentants des Ejidos, nom que portent les forêts communautaires du Mexique.
Selva Maya Tropical Timber Business Forum 2023 © B. Jobbé-Duval
Selva Maya Tropical Timber Business Forum 2023 © B. Jobbé-Duval
Selva Maya Tropical Timber Business Forum 2023 © B. Jobbé-Duval
Après cette rencontre, la visite des différentes forêts communautaires situées dans les parties mexicaine et guatémaltèque de la Selva Maya, sur 10 jours, a donné lieu à des observations et recommandations qui sont brièvement résumées ci-dessous.
Plusieurs constats peuvent d’abord être faits. D'abord, il est notable que les bois tropicaux ne semblent pas susciter de préoccupations d'image en Amérique centrale et du Nord, contrairement à l'Europe où ils font souvent l'objet de critiques en raison de préoccupations liées à la déforestation et à la perte de biodiversité dans les régions d'origine, ainsi qu'à des problèmes de gouvernance et de légalité de l'exploitation forestière dans certains pays producteurs, ou encore aux droits des peuples autochtones.
Par ailleurs, les inscriptions à la CITES ne semblent pas non plus soulever de préoccupations quant à l'image des bois inscrits en Annexe II. Au Mexique, le principal obstacle réside dans les démarches administratives, avec des délais excessivement longs pour obtenir les permis d'exportation CITES (parfois jusqu'à 6 mois), tandis qu'au Guatemala, une semaine suffit.
Par ailleurs, la question du nouveau règlement européen sur la déforestation a été soulevée. Il a été conclu qu'il n'y a pas d'urgence à court terme, étant donné que sa mise en œuvre est prévue dans 18 mois, et que le bois certifié aura, comme en Afrique centrale, peu de difficultés pour être commercialisé sur le marché européen.
Ejido Petcacab, Yucatán, Mexique © B. Jobbé-Duval
Ejido Petcacab, Yucatán, Mexique © B. Jobbé-Duval
Quelques recommandations générales ont été émises pour guider les actions futures. Tout d'abord, il est primordial de maintenir un contact étroit entre tous les acteurs, en particulier sur des sujets sensibles tels que la CITES, l'image des bois tropicaux en Europe et la question des paysages forestiers intacts (IFL), qui concerne également les forêts de la Selva Maya. Une association régionale, qui rassemblerait les principaux acteurs concernés, pourrait être constituée. L'unité et l'échange d'informations au sein de cette association seraient essentiels pour défendre collectivement les intérêts de ces acteurs remarquables.
Qui connait bien, d’ailleurs, les bois de cette région ? Il serait donc également judicieux de développer une stratégie de marketing puissante autour de la marque "Bois de la Selva Maya". Cette marque possède un potentiel considérable et une connotation positive en raison de son lien avec une région à l'identité culturelle prestigieuse et profondément ancrée.
D’ailleurs, les bois de la région ont de multiples usages :
Les essences les plus recherchées sont le mahogany (Swietenia macrophylla), le pucté (Bucida buceras), le chicozapote (Manilkara zapota), le katalox (Swartzia cubensis), le tzalam (Lysiloma latisiliquum), et l’impressionnant ciricote (Cordia dodecandra), entre autres…
Ejido Petcacab, Yucatán, Mexique © B. Jobbé-Duval
Forêt communautaire Uaxactun, Peten, Guatemala © B. Jobbé-Duval
Dans l'ensemble de la région, la promotion et le développement d'essences moins connues jouent un rôle central pour l'avenir de l'industrie.
Des recommandations spécifiques pour le Mexique ont également été faites. Tout d'abord, il est crucial de considérer le marché intérieur mexicain comme une priorité en raison de sa taille et de son dynamisme, notamment lié au développement intensif du tourisme dans la péninsule du Yucatan. Une étude de marché nationale devrait être réalisée afin d'identifier les principaux utilisateurs de bois tropicaux et de dresser une cartographie précise.
Pour soutenir les activités des « Ejidos » (forêts communautaires du Mexique), un accompagnement commercial soutenu, en continuité de ce que Rainforest Alliance a déjà entrepris, serait bénéfique. Il est important de fournir un soutien continu dans ce domaine. Il convient de noter que les « Ejidos » ne sont pas toujours bien préparés à accueillir des clients étrangers. Par ailleurs, il est recommandé d'explorer les opportunités d'exportation, même à petite échelle, pour diversifier les débouchés et ouvrir de nouveaux horizons pour les produits forestiers mexicains.
Pour le Guatemala, des recommandations spécifiques ont également été formulées. Étant donné que le marché intérieur ne présente pas le même potentiel qu'au Mexique, l'exportation doit rester le principal débouché à envisager.
Afin de sécuriser les marchés et de promouvoir des espèces moins connues, il est essentiel de mettre en place une politique de communication solide reposant sur trois piliers. Tout d'abord, une bonne connaissance de la ressource forestière est nécessaire. Ensuite, il est important de caractériser correctement les espèces pour en mettre en avant les qualités spécifiques. Enfin, un marketing efficace doit être développé pour valoriser les bois « moins connus » de la Selva Maya.
Comme les marchés d'exportation sont sensibles aux enjeux d'image, il est crucial d'assurer une communication proactive afin de ne pas compromettre ces débouchés. Une attention particulière doit être accordée à la préservation de l'image positive des produits forestiers guatémaltèques.
Il faut noter que le Bélize fait également partie de la Selva Maya, mais le circuit n’a pas permis d’aborder les activités menées dans ce pays.
Les forêts communautaires présentent leurs essences de bois © B. Jobbé-Duval
Les forêts communautaires présentent leurs essences de bois © B. Jobbé-Duval
Retrouver le catalogue des bois de la Selva Maya, récemment produit par Rainforest Alliance
Par ailleurs, le gouvernement mexicain a publié les éléments suivants :
https://maderas-comerciales-tropicales.cnf.gob.mx/especies